Dévers
Christian Cavaillé sait nous surprendre par sa prise inédite sur l'obscur retournement des mots comme un pêcheur masqué qui ne se fie qu'à sa connaissance des profondeurs.
[Il] a compris l'enjeu véritable de la parole qui s'égare d'abord pour éprouver ensuite la densité de l'air libéré. Sa poétique [...] est tendue comme un arc vers une cible invisible où l'être entrevoit un élargissement.
[Il] ne perd jamais de vue ce rôle de la poésie de reprendre prise sur « l'universel lisible dans les plaies » avec la puissance de la « matière noire des mots ».
le chantier à ciel ouvert retourne la
rue abattage des angles familiers
ou fortifiantes entrées en matière
lieder inaudibles et gravats en masse
déversés la découverte tuyautée
terreuse déporte tous les rendez-vous
la voierie creuse pour voir faire voir et
place nette pour un asphalte plus noir
après la mêlée du sable et des pavés
les mots d'écorchés repoussés dans l'impasse
relancent leurs vires et gires spirales