Devoirs et délices
On fait tout pour son ami comme pour soi, non par devoir mais
par délice, écrivait Rousseau. À d'autres moments, le devoir
s'impose, alors que le délice est absent. De l'un à l'autre oscille
notre vie à tous.
«Au fur et à mesure que nous avancions dans nos entretiens,
je me suis aperçu que j'avais mené une vie de passeur
de plus d'une façon : après avoir traversé moi-même les frontières,
j'essayais d'en faciliter le passage à d'autres. Frontières
d'abord entre pays, langues, cultures ; ensuite entre domaines
d'étude et disciplines scientifiques dans le champ des sciences
humaines. Mais frontières aussi entre le banal et l'essentiel,
le quotidien et le sublime, la vie matérielle et la vie de l'esprit.
Dans les débats, j'aspire au rôle de médiateur. Le manichéisme
et les rideaux de fer sont ce que j'aime le moins.»