Enseigner le latin, certes, mais aussi former les écoliers dans les bonnes mœurs, tels sont les buts que poursuivent ces humanistes pédagogues, auteurs de colloques, que sont Erasme, Vivès ou encore Castellion.
Avec ses Dialogi sacri, dont David Amherdt et Yves Giraud éditent le premier livre, Sébastien Castellion se révèle un maître audacieux et soucieux de la formation de ses élèves genevois. Craignant que les comédies de Térence ne corrompent l’âme des écoliers, il a choisi la Bible pour thème ; désirant mettre la langue latine à la portée des plus jeunes, il a simplifié la syntaxe latine et adjoint une traduction française. Il propose ainsi un outil pédagogique dont les intérêts sont multiples : livre de lecture, manuel de langue pour le latin tout aussi bien que pour le français, dans la mesure où les Dialogues fournissent des modèles de conversation à voix haute et se prêtent à l’interprétation de saynètes par les élèves eux-mêmes, autant qu’ils servent à l’instruction morale et religieuse.
Les Dialogi sacri, dont la version définitive réunira quatre livres en latin, connaîtront un immense succès. En 1844, Charles Nodier les qualifiait encore de " joli abrégé de l’Ecriture Sainte, composé sous une forme dramatique assez singulière, et qu’on appellerait romantique aujourd’hui ".