Née en 1923, Diane Nemerov aurait pu suivre les rails de
la grande bourgeoisie juive new-yorkaise dans laquelle
elle a grandi. Mais, très tôt, son tempérament sombre et
rebelle s'affirme et la détache du «moule». Elle refuse d'aller à
l'université et, au grand dam de ses parents, se marie à dix-huit
ans avec Allan Arbus, son premier amour. Ensemble, ils créeront
un studio de photo de mode et collaboreront avec tous les grands
magazines de mode américains. Cependant la frivolité et les
contraintes commerciales de la mode ne siéent pas à Diane.
Munie de son Leica, elle commence à exercer son oeil autrement,
pendant les longues séances de pose avec les mannequins. Elle
attendra pourtant le début des années 60 pour s'écarter encore
de la route et aller chercher ses propres visions, au hasard des
rues de New York, dans les bas-fonds, là où aucun photographe
ne s'était encore jamais aventuré. Ses modèles malmènent les
conventions sociales, sexuelles, physiques. Monstres de foire,
travestis, nains, géants, jumeaux, les freaks la fascinent parce
qu'ils défient les normes et interrogent sans cesse le visible.
Exploratrice insatiable, Diane Arbus repousse les limites, cherche,
fouille, se heurtant ainsi aux violents rejets d'un public qui n'a
encore jamais vu ça.
Proche de Richard Avedon, de Marvin Israel et du groupe Condé
Nast, sa vie nous entraîne dans le New York bouillonnant des
années 60. Photographe décisive et femme fragile, Diane Arbus
connaîtra le destin des icônes tragiques de l'Amérique.
La biographie de Patricia Bosworth est à ce jour la somme la plus
complète et la plus détaillée sur la vie et l'oeuvre de Diane Arbus.