« Quel est le premier roman étranger que j'aie lu ? Peut-être L'Appel de la forêt de Jack London, avec sa reliure rouge, ses lettres dorées. Il y avait aussi James Oliver Curwood. Ensuite, ça n'a plus arrêté. Je me suis saoulé avec Gatsby, un après-midi de canicule, dans une chambre du Plaza. Portnoy m'a appris à me masturber dans une tranche de foie de veau. J'ai assisté à la fin de la guerre froide avec les espions de Le Carré. À Central Park, j'ai croisé Holden Caulfield qui se demandait où allaient les canards en hiver, quand le lac est gelé.
Je me suis marié, croyant que la vie ressemblerait à Un bonheur parfait. Je ne suis jamais allé à Vienne. Ça n'était pas la peine : John Irving m'y avait déjà servi de guide. William Boyd m'a entraîné en Afrique. Jim Harrison m'a présenté des grizzlis. J'ai découpé des demoiselles à la scie en compagnie de Patrick Bateman.Jay McInerney m'a introduit dans les clubs les plus fermés de Manhattan.
Je leur dois mes plus belles émotions, mes larmes les plus chaudes, mes plus solides gueules de bois. Ils ne sont pas faits pour les coeurs froids. Ils sont là, intacts. Ils ne vieilliront pas. »
E.N.
Dictionnaire chic de littérature étrangère
Le goût d'Éric Neuhoff pour la littérature étrangère n'a d'équivalent que son appétit de cinéma, égal remède aux désagréments de la vie.
Vers sa bibliothèque affluent, par centaines, les auteurs de tous pays. Ces réfugiés des lettres ont franchi deux obstacles : d'abord, ils ont trouvé un éditeur dans leur langue ; puis un courageux traducteur leur a procuré un passeport. C'est dire si les mauvaises surprises sont rares !
Quel plus grand frisson que de se laisser surprendre en ouvrant un roman qui n'est pas notre genre ? Lire Kerouac, Ishiguro, John Le Carré, c'est chaque fois l'aventure. On part pour l'horizon sans vaccins, sans décalage horaire.
Barnes, Carver, Didion, Fante, Franzen, McInerney, Ondaatje, Roth, Rushdie, Salter, Vidal, Wodehouse... Leurs livres sont ici chez eux. Ce dictionnaire leur déroule le tapis rouge. Invitation au voyage, il ouvre les espaces infinis de la littérature-monde.