Les autres écrivains foisonnent derrière les grandes figures
imposées de la littérature. Ils sont mal élevés, mal peignés, ont
le style qui dérange et jouissent le plus souvent d'un anonymat
mérité. Heureusement, une caste de lecteurs, snobs enragés,
s'est chargée parmi ces oubliés de séparer le bon grain de l'ivraie,
et de déceler, patiemment et au fil des années, les génies et
lumières négligés par le commun comme par l'aristocratie des
lettres. Ils se sont transmis ainsi des noms mystérieux, d'autres
sésames : Zo d'Axa, Pierre Louÿs, Tristan Corbière, Sylvia Plath,
Aubrey Beardsley, Marcel Schwob...
C'est à ce panthéon particulier que Fabrice Gaignault
consacre son Dictionnaire de littérature à l'usage des snobs,
guide indispensable pour l'amateur de chemins de traverses
inattendus, du gonzo au Club des Longues Moustaches ou de
Venise à Trieste, prêt à s'attarder sur des sujets aussi essentiels
que la dangerosité du port du col roulé ou la nécessité pour un
écrivain d'une mort élégante. Se dessine ainsi un voyage inédit
dans la littérature où le futile devient sérieux et où les valeurs
attendues tendent à valser.