
Du Maroc à la Chine, l'Orient n'a pas cessé de fasciner un Occident
partagé à son égard entre la convoitise et la peur, l'enchantement et la
répulsion, le désir de connaître et la volonté de conquête. De la Renaissance
à nos jours, des hommes le plus souvent, des femmes quelquefois,
ont parcouru les routes lointaines, appris des langues inouïes, observé
des moeurs étranges et rapporté de leurs voyages des images, des manuscrits,
des objets, des récits et des fables. D'autres en ont rêvé, parlé, sans
jamais s'y rendre.
Si le terme d'«orientaliste» nous reste surtout pour qualifier des productions
largement fantasmatiques (peinture, romans), il est d'abord attaché
à une discipline savante qui s'est inscrite dans des cadres institutionnels
solides. Il y eut aussi des cohortes de voyageurs, de missionnaires,
d'informateurs, des collectionneurs, des prédateurs parfois, qui ont parcouru
l'Orient sous toutes ses latitudes et en ont rapporté quelque chose.
Artistes et savants, hommes célèbres et modestes médiateurs, éminents
professeurs et aventuriers ambitieux, auteurs de chefs-d'oeuvre reconnus
ou de travaux obscurs : ils sont un millier regroupés dans ce Dictionnaire
des orientalistes de langue française par les soins d'une équipe pluridisciplinaire
de spécialistes.
À son apogée, au XIXe siècle, l'orientalisme fut contemporain de
l'expansion impérialiste. Aussi est-il la cible, depuis la fin des Empires
coloniaux, d'une dénonciation qui se voudrait sans appel. Sans ignorer
ce procès ni en casser le jugement, ce dictionnaire entend montrer que
la population des agents et porteurs de ces savoirs est infiniment variée
et qu'elle échappe aux simplifications réductrices : toute la gamme des
motivations, des plus désintéressées au plus sauvagement pragmatiques,
nous offre un échantillon d'humanité qui, avec ses grandeurs et ses travers,
doit faire finalement la trame d'un certain humanisme.
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