Le mot «Dieu» existe, telle une vieille médaille, au profil presque tout effacé, mais dont on sait que, une fois au moins, il a été prononcé comme un mot plein de sens. Proudhon affirmait que l'homme, pour se comprendre, jamais n'oublie d'interroger ses vieilles effigies. Mais, justement, ne s'agirait-il plus que d'une effigie ? D'un chiffre permettant sans doute encore de penser (on l'a vu dans les deux premiers tomes), mais qu'on ne pourrait plus penser lui-même ? L'idée de Dieu est-elle encore intelligible ? Il faut tenter de répondre. Mais quel chemin parcourir pour arriver «à penser droit à propos de Dieu» (Platon) ? Fatigué et déçu par l'inutile et morne théisme, qui cherche Dieu hors les murs et ne trouve au mieux qu'une épure, ne devrait-on tenter une autre logique ? Celle de chercher Dieu auprès de lui, en ce qu'on appellera ici son «lieu natal». Apprendre de Dieu ce qu'il est. Point de cercle vicieux en cela : la phénoménologie nous a appris à chercher la chose en l'écoute d'elle-même, non en croyant pouvoir l'observer de Sirius. C'est pareil essai d'une preuve herméneutique que l'auteur propose ici au lecteur. En l'invitant à choisir comme il veut l'ordre de sa lecture, et même en négligeant ce qu'il penserait ne pas répondre à son attente. «La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui l'écoute» (Montaigne).