L'Europe n'est pas seulement une addition de nations, encore moins une entité singulière. On pourrait même dire qu'elle est depuis toujours en quête de son identité, et que dans les recherches de ses fondements, la religion tient une place éminente. C'est le destin de cette foi que le présent essai retrace.
D'une certaine manière, Dieu a fait l'Europe, car le premier nom de celle-ci a été chrétienté. Cette dernière a donné au continent ses valeurs fondatrices et ses premières institutions. Elle l'a mobilisé contre des ennemis communs, de l'Islam au communisme. Puis, peu à peu, l'Europe a retourné ces mêmes valeurs contre ceux qui prétendaient parler au nom de Dieu. Elle a « défait Dieu », à travers les conquêtes de la raison, les progrès de la science et l'émancipation des peuples. A l'intérieur de ces pays en effervescence, la religion elle-même s'est déchirée entre catholiques, orthodoxes et protestants, contribuant à la constitution de nations et à l'effacement des structures impériales.
Aujourd'hui, l'Europe tente de se construire une unité institutionnelle au milieu d'un monde qui se globalise comme jamais. Elle retrouve ses racines chrétiennes, mais dans une société où la religion a cessé de définir les cadres et les valeurs de la vie collective. Dieu ne lui appartient plus, son universalité le pousse ailleurs.
C'est en méditant sur cette extraordinaire aventure que Jean Boissonnat s'interroge à la fois sur les nouvelles missions de l'Europe et sur la place de Dieu dans le monde d'aujourd'hui.