Est-il vraiment opportun, dans le contexte actuel de notre
société où les structures familiales sont éclatées, de présenter
Dieu par cette figure du «père». Que peut bien évoquer la
figure paternelle pour ces milliers d'enfants de couples désunis,
de familles monoparentales ou qui ont été battus par un
père alcoolique ? Que peut signifier pour eux être un fils ?
Et puis, l'expérience de la filiation est-elle une bonne
manière d'aborder le mystère de Dieu ? Le spectacle quotidien
de notre monde avec son lot de cataclysmes et de malheurs
n'incline guère à imaginer un Dieu-père ! Ce titre
n'a-t-il pas déjà trop contribué à «masculiniser» Dieu et à légitimer
une certaine vision de la femme, inférieure et soumise
à l'homme ?...
À la lumière de la révélation du Christ, il nous faut donc
creuser ce mystère de Dieu, qui ne peut pas être un père
ordinaire ni tout puissant puisqu'il laisse mourir des millions
d'innocents dans des fours crématoires ou dans d'atroces
souffrances et qu'il accepte la mort de son propre Fils sur la
croix ! Étrange père !
Or le coeur même de la Bonne Nouvelle du Christ a été de
nous annoncer que Dieu est «son père» et «notre père» !
Michel Hubaut nous aide à redécouvrir ce Dieu-père qui
nous aime le premier, qui veut le bonheur de ses enfants et
dont l'amour n'est pas une mise en dépendance servile mais
une libération et un accomplissement de l'homme ?