Londres 1917. Ils ont la trentaine, ils ne sont pas la
génération perdue, mais perdus, chacun à sa manière,
ils le sont. C'est du moins ce que pense l'héroïne
principale, Julia. Tout autour d'elle évoluent Rafe, son
mari, l'officier permissionnaire hésitant entre elle et
Bella, le beau scarabée vert et Rico, le romancier érotomane,
en lequel on peut reconnaître D.H. Lawrence.
Pour lui la sexualité est simple, un homme est un
homme, une femme est une femme. Il y a aussi un
musicien, Vane ; les uns et les autres glissent dans des
chassés-croisés amoureux et, sur un fond de menace
tragique, dans l'Angleterre bombardée, ils jouent à
colin-maillard. Mais Julia, elle, connaît le froid intérieur,
elle s'est sentie exclue de leur jeu. Ou elle s'est
mise hors-jeu. Elle est ailleurs. C'est elle qui tire les fils
de la tapisserie, quette les reflets de la lanterne magique,
développe des négatifs, c'est elle qui écrit le texte.
Elle ressemble à H.D., comme Hermione lui ressemble,
comme l'héroïne du Don lui ressemble. Tout
autant que ces deux romans autobiographiques,
Dis-moi de vivre est une exploration du labyrinthe intérieur
dont, comme de toute fiction véritable, le lecteur
ne sort pas indemne.