«Dans ma classe, une immense dame maigre et très laide avec
des cheveux courts et des gros sourcils m'a demandé de recopier le
mot écrit au tableau. J'ai essayé d'imiter les traits droits comme du
blé un jour sans vent, c'était très difficile, mes doigts glissaient sur la
mine colorée. La dame s'est approchée et elle a dit : Mon Dieu ! J'ai
dit que j'étais pas Dieu mais que si elle voulait m'appeler comme ça,
pourquoi pas. Elle a répété :
La dame m'a dit de ne pas parler sur ce ton, j'ai répondu que je
ne mangeais pas de poisson parce que sinon, on allait vider la mer.»
Du haut de ses neuf ans, Ninon observe le monde. Un monde
où les adultes ne s'aiment plus, où les mots n'ont pas de sens, où les
mensonges sont rancuniers... Parce qu'elle ne le comprend pas,
Ninon décide de s'en détourner et de vivre avec son père qui n'a plus
rien. Rien, sauf elle.
Ensemble, ils refont leur monde, construisent une maison à
partir de rien, traient les chèvres, vendent sur les marchés,
oublient l'école et les bonnes manières, sans se soucier des bien-pensants,
ni de madame Kaffe, l'assistante sociale.
Dis oui, Ninon est une histoire d'amour. Celle d'une petite fille
pour son père et celle d'un homme pour la liberté.