Discours de la servitude volontaire
« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »
La servitude des peuples est volontaire : ils acceptent le joug des puissants, mais vont ainsi à l'encontre de leur nature. Pour se libérer de l'emprise du tyran, nul besoin de violence : il suffit aux hommes de se faire amis plutôt que complices. Écrit en 1548, alors que La Boétie n'a que dix-huit ans, ce texte, également appelé Contr'un, s'inscrit dans le renouvellement de la sensibilité politique au XVIe siècle et cherche dans les comportements individuels les causes de la tyrannie.
Il est suivi de De la liberté chez les Anciens et chez les Modernes, écrit trois siècles plus tard par Benjamin Constant. Dans ce discours fondateur de la pensée libérale, Constant montre qu'à chaque forme de liberté correspond une forme de servitude - inexistence des libertés individuelles chez les Anciens, abandon de la sphère politique chez les Modernes. Ces propos d'une modernité étonnante sont illustrés par la célèbre fable de La Fontaine, « Le Loup et le Chien ».