Doktèr kontrokèr
Le médecin malgré lui
Carpanin Marimoutou répondant à Laure Limongi « Le problème est le suivant : j'écris dans deux langues qui ont une histoire et un statut socio-symbolique très différents. Le français écrit, le français " littéraire " a une longue histoire, et les grandes ruptures de la fin du XIXe siècle, en particulier dans ce qu'il est convenu d'appeler le poème, impliquent une historicisation constante du travail de l'écriture... Je me situe donc nécessairement dans cette histoire de la langue et du poème et la prends en compte dans mon travail, y compris dans le travail du dire. Le créole réunionnais est une langue relativement récente, et elle est surtout orale. Le passage à l'écrit se fait donc massivement par l'écriture littéraire. Je suis confronté à une langue qui, loin d'avoir oublié l'oral, le souffle, le geste, la chair, le corps, n'est finalement réellement énonçable que dans une posture assumée à ça ; à une langue qui doit s'inventer sans cesse pour pouvoir s'énoncer et énoncer son rapport aux pratiques du monde. »