C'est dans son Don Juan que Byron a mis le meilleur de
lui-même. Bien décidé à tourner en dérision les grands
modèles littéraires (Homère, Horace, Le Tasse), il y tord
aussi le cou aux clichés romantiques (qu'il contribua
pourtant à imposer sur la scène européenne), pour renouer
avec l'esprit subversif de son cher XVIIIe siècle. Il y
impose son goût, contre vents et marées, et surtout contre
la pudibonderie de ses contemporains. À rebours du
mythe, il fait de son fringant héros un pantin au grand
coeur, séduit par les femmes plus qu'il ne les conquiert,
et multipliant les faux-pas. Lire Don Juan, c'est découvrir
le vrai Byron, réconcilié avec lui-même, passé maître
dans l'art de ne pas se prendre au sérieux, mais refusant
de transiger avec l'essentiel : la liberté. Liberté de ton et
d'allure d'un poème très largement improvisé, constamment
ironique, et que seule la mort de son créateur pouvait
interrompre, sur une dernière pirouette...