«Tout a été dit sur Don Quichotte, écrit le traducteur Francis
de Miomandre, et nous n'avons pas l'intention d'ajouter un mot
de plus aux commentaires, parfois magnifiques, qu'a suscités ce
chef-d'oeuvre entre les chefs-d'oeuvre, ce livre en quelque sorte
inépuisable, où l'homme à tous les âges de sa vie peut trouver
plaisir, enseignement et consolation.
«On croit communément que Don Quichotte, écrit au XVIe
siècle, ne peut être mieux traduit que dans le français du
XVIe siècle. Mais c'est une erreur, parce que justement Cervantès,
qui avait l'air d'écrire la langue de son époque, en réalité écrivait
une langue particulière, qui était la sienne, et qui est demeurée,
pour cela même, étrangement vivante et jeune. C'est pour cette
raison que, rejetant tout archaïsme, j'ai entrepris une traduction
résolument moderne, estimant que c'était la meilleure façon d'être
fidèle à l'esprit du maître.»
Cet enthousiasme de Francis de Miomandre (1880-1959)
s'exprime à chaque ligne de son extraordinaire traduction de
1935, elle-même un chef-d'oeuvre de la langue française. Elle
est ici précédée d'un grand essai, inédit en français, de Miguel
de Unamuno (1864-1936) sur l'iconographie de Don Quichotte,
ainsi que d'une étude de l'hispaniste Yves Roullière qui fait la
synthèse des plus récentes découvertes et réflexions à propos de
cette oeuvre immortelle.