«Esope était édenté, son parler à peine intelligible, Esope louchait. Il tendait le cou, la tête en avant. Son nez était épaté, sa peau terreuse. Le ventre d'Esope pendait par-dessus sa ceinture. Esope avait les jambes torses. Son bras gauche était plus court que le droit. D'aucuns disent : son bras droit était plus court que le gauche.
Esope était un esclave. Il n'était pas fait pour le travail en ville. Son maître le désigna pour un travail aux champs.»
Ainsi commence le récit de la vie d'Esope à qui la déesse Isis, en le guérissant de son bégaiement, rend l'usage de la parole. Une parole dont il va user et abuser, la langue étant comme on le sait la meilleure et la pire des choses. Il tient tête à son maître le philosophe Xanthos en exécutant ses ordres au pied de la lettre, exécute ses ennemis dans des joutes oratoires, gagne sa liberté en résolvant des énigmes, une pratique très en vogue dans l'Antiquité, et, pour avoir ouvert la bouche une fois de trop, est mis à mort par les prêtres de Delphes.