L'Occident découvre le cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski à la fin des années soixante-dix avec L'Amateur, mais c'est avec Le Décalogue, série de films à partir des dix commandements, qu'il sera véritablement reconnu comme un cinéaste majeur. Ses derniers films, La Double vie de Véronique, puis Trois couleurs : Bleu, Blanc, Rouge connaîtront un succès critique et commercial international dans les années quatre-vingt-dix.
L'ouvrage d'Annette Insdorf, traduit de l'américain, apporte à la fois une information de première main sur le cinéaste qu'elle a côtoyé tout au long de sa carrière, une grande finesse d'analyse de chacun des films resitué chronologiquement, et une vue synthétique de la cohérence thématique, stylistique et morale de l'ensemble de l'œuvre.
Kieslowski fait partie de cette génération de cinéastes polonais qui débuta dans les années soixante, formée à l'école de Lodz où furent également élèves Wajda et Polanski. Ses premiers films sont des documentaires, ce qui contribua à forger sa vision du monde. Ses films associent des histoires tout à fait accessibles, situées dans le cadre réaliste de la société contemporaine, avec des images habitées qui suggèrent la présence d'un au-delà. Les scénarios de Kieslowski confrontent les personnages à des choix moraux violents et douloureux, qui révèlent les aspects plus souterrains du propos de ses films, invitant le spectateur à une réflexion métaphysique.
Quand on lui demande ce qu'il cherche à capturer, Kieslowski répond : «L'âme peut-être... En tout cas, une vérité que je n'ai pas trouvée moi-même. Peut-être le temps qui passe et qu'on ne peut arrêter.»