Pourquoi le rapport entre les sexes est-il aussi dramatique ?
Pourquoi, entre eux, le drame, toujours ? La question me poursuit
depuis l'enfance.
Suivant une vision théâtrale de l'homme et de la femme,
il y a l'amour, il y a les conflits, les scènes, et l'issue fatale : le
retournement du bonheur en malheur.
Le rapport à l'autre sexe est-il nécessairement frappé d'une
malédiction ? Les femmes en sont-elles les principales victimes,
comme chez Ibsen, ou bien, comme chez Strindberg, le malheur
frappe-t-il aussi les hommes ? Les deux, bien sûr, car c'est toujours
de l'autre que vient le drame, comme dans le cinéma de Bergman.
Pour ce grand metteur en scène du couple, rien n'est plus réel que
l'amour, ce qui ne l'empêche pas de faire dire au diable, dans un
de ses films : «Que serait l'enfer, sans le mariage ?»
Le théâtre de la conjugalité ne se joue jamais d'un seul côté, il
a lieu entre les deux. C'est le jeu entre les passions que donne à
contempler le drame, sur la scène, laissant la parole aux deux
parties.