La Cour suprême, toutes chambres réunies, le 12 juillet
1906, après une longue et minutieuse instruction qui
ne laissa rien subsister de l'accusation, proclama enfin
l'innocence du capitaine Dreyfus, condamné une première
fois le 22 décembre 1894, une deuxième fois le 9 septembre
1899. Elle annulait sans renvoi le jugement du Conseil de
guerre de Rennes.
Ce capitaine paria, privé des honneurs militaires, comment
est-il devenu le symbole d'une République de justice et de
liberté ?
De l'affaire de famille à l'affaire d'État, il fallut des années
de démarches, de mobilisation, de conviction inébranlable
partagée par une poignée pour convaincre nombre de
ténors politiques et consciences intellectuelles - malgré les
apparences, en dépit de la force de l'appareil d'État, contre
l'alliance de l'armée, de la justice et de l'Église.
Voici les souvenirs de Mathieu Dreyfus, l'âme de la réhabilitation,
le «frère admirable» et l'animateur du premier groupe
de pression dans l'histoire politique contemporaine.