Dans une veine quasi-weberienne et surtout durkheimienne, Niklas Luhmann s'attelle dans Droits de l'homme et différenciation sociale à réfuter les fondements jusnaturalistes et axiologiques des droits fondamentaux. Selon Luhmann, les droits fondamentaux ne sont que des mécanismes sociétaux développés par l'État moderne pour assurer son autopoïèse. À travers les concepts de la théorie des systèmes encore en chantier, Luhmann démontre de manière convaincante les limites d'une fondation jusnaturaliste des droits fondamentaux, en dévoile les fonctions sociales latentes, mais laisse ouvertes et sans réponses explicites la question de leurs origines historiques religieuses chrétiennes. Il réussit à conférer un sens nouveau à la dignité humaine, à la liberté et à l'égalité dans les démocraties libérales.
Brillant et conceptuellement fascinant à bien des égards, cet ouvrage de sociologie politique permettra à tout lecteur, d'une part, de mesurer le chemin accompli par Luhmann dans l'élaboration de la théorie des systèmes, surtout dans celle du rapport qu'entretiennent les systèmes politique et juridique des sociétés modernes et d'autre part, d'apprécier les fonctions systémiques sociales des droits fondamentaux.