Dans quelle mesure les grandes entreprises suisses ont-elles résisté à
l'avènement du capitalisme managérial, puis financier ? À travers cette
question, Stéphanie Ginalski poursuit deux objectifs principaux : mettre
en évidence la persistance du capitalisme familial, longtemps associé
à un mode de gouvernance dépassé, et éclairer les débats actuels sur
le capitalisme financier par la perspective historique. Ces questions,
d'une grande actualité, restent peu étudiées pour la Suisse. Ce livre
comble ainsi une lacune importante.
À travers le cas de l'industrie des machines, de l'électrotechnique et de
la métallurgie, l'auteur analyse l'évolution des modes de gouvernance
des grandes entreprises suisses et, partant, celle des différentes formes
de capitalisme au cours du XXe siècle. Elle adopte une démarche
pluridisciplinaire qui relève à la fois de l'histoire d'entreprise et de la
sociologie des dirigeants, tout en faisant appel, de façon novatrice, à
différentes méthodes telles que l'analyse de réseau et la prosopographie
pour mieux saisir la complexité du sujet.
Ce livre montre que durant la majeure partie du XXe siècle, la plupart des
grandes entreprises du secteur étudié sont restées en mains familiales
et ont ainsi largement résisté à la «révolution managériale». Si la
fin du siècle est marquée par plusieurs changements qui confirment
l'avènement d'un capitalisme dit financier ou actionnarial, les familles
n'ont de loin pas disparu du monde de la grande entreprise pour
autant.