C'est tendre au toucher comme le sillon qui ourle la lèvre sous le nez. Leurs mains câlines glissent sur son ventre, sur ses bras. Ladis lui murmure à l'oreille des tendresses en polonais, sa mère le mordille de partout. Il s'abandonne aux délices des caresses. Il lutte cette fois contre le sommeil. Il garde les yeux grands ouverts et se met à parler, le son de sa voix le tient éveillé.
Avec beaucoup de calme, une tenue sans raideur, Philippe Mezescaze explore une sensualité gracieuse et grave, s'insinue dans des plis de mystère enfantin et, bien que l'anecdote n'ait rien à voir, ni même la lumière, ici plus diurne, la seule référence qui me soit venue à l'esprit en lisant ce livre, c'est, pour son innocence et sa ruse, La Nuit du chasseur, le film de Charles Laughton.
Emmanuel Carrère