« Airbnb a tout du marchand de sommeil à taille mondiale. Le marchand de sommeil a tout du capitaliste se jouant de la légalité. Réguler la plateforme Airbnb reviendrait donc à moraliser le capitalisme.
La reconversion du taudis en Airbnb n'est pas la seule cause du mal-logement. Mais les effondrements et le confinement ont offert un terreau fertile à une plateforme qui accompagne voire aggrave la situation. Boucle vertueuse pour les spéculateurs, cercle vicieux pour les habitants, la ville Airbnb a le goût de l'amertume et la couleur du sordide. »
Novembre 2018. Deux immeubles marseillais s'effondrent sur leurs habitants : huit morts, une ville traumatisée, une mairie qui fuit ses responsabilités. Triple effondrement : physique, moral, politique. La catastrophe était pourtant prévisible. Connue pour ses marchands de sommeil, qui louent sans vergogne des appartements indignes aux habitants les plus précaires, Marseille est désormais en proie à une frénésie de rénovation. L'occasion est trop belle de repousser en périphérie les populations pauvres, souvent issues de l'immigration, et faire place nette pour l'explosion immobilière soutenue par l'absence de réglementation de la plateforme Airbnb, le tourisme et la gentrification.
Ce constat a toutefois fait naître une résistance populaire. Cette petite histoire est donc aussi celle d'une bataille en cours contre la menace pesant sur toute métropole qui transforme l'insalubrité en profit capitaliste.