L'objectif de ce livre est de contribuer à la discussion sur la modélisation de la temporalité linguistique. La démarche s'appuie sur un examen critique des fondements, établis à partir d'une langue comme l'anglais, de la catégorie linguistique du temps telle qu'elle se conçoit dans les théories dominant actuellement le champ des sciences du langage. À travers l'analyse détaillée de formes et d'agencements de formes au sein de groupes verbaux ou nominaux, l'ouvrage montre comment les valeurs temporelles et aspectuelles des énoncés se construisent de manière spécifique en fonction des propriétés sémantiques de ces formes.
Son originalité et sa force résident dans son assise empirique: les analyses reposent sur des données de première main issues de six langues structurellement très différentes et dont certaines sont peu documentées (bunong, finnois, français, khmer, lituanien et russe). Cet ancrage dans la diversité des langues définit une optique plus large que le point de vue européo-centré habituel, et l'observation fine de la variété des constructions de la temporalité étudiées conduit à remettre en question le principe communément défendu selon lequel la langue est un moyen d'encodage de catégories préétablies ou de concepts non linguistiques préexistants. Cette perspective réflexive originale se conclut dans une relecture critique du célèbre article de Benjamin Lee Whorf sur le temps en hopi, accompagné de sa traduction inédite en français.