Qu'il peigne les tempêtes ou qu'il pêche à la mouche l'ouananiche, le plus valeureux des saumons, dans les sauts déchaînés du Saguenay, au sortir du lac Saint-Jean, je voyais Winslow Homer, le peintre américain, comme le gardien de l'évidence naturelle, du souffle qui fonde la parole. Peut-être salue-t-il une dernière fois cette unité dans son aquarelle Les Vieux Amis.
Le guide qui touche l'arbre parle le langage oublié des grands bois. Faite de quelques gestes et de peu de mots comme en écho à l'étendue native, ne serait-ce pas, me disais-je, la langue de l'être au monde, celle que pratiquèrent dans sa splendeur les Indiens et dont les adeptes du wild ne balbutient plus que des bribes ?