Y a-t-il une littérature de l'exil, une littérature de l'émigration, du grand
départ, des arrivées incertaines ? Si oui, quelle en est la définition, quelles en
sont les caractéristiques, les «constantes» ?
Je n'ai pas de théorie d'ensemble, je ne prétends pas forger des concepts.
En rassemblant les textes qui suivent, j'ai surtout voulu montrer des
perspectives personnelles, excentriques, confronter des points de vue
différents, parfois contradictoires et qui partent tous de ce qui pourrait
être l'incipit commun de cette littérature : «Quelqu'un s'en va...» ;
ou bien, vu en miroir : «Quelqu'un arrive...».
Tout cela dessine les contours de ce qui nous fait tous frères
d'aventure : la condition humaine. Tous ces livres lus ou relus, médités,
dont j'ai essayé de tirer la substantifique moelle, de qui nous parlent-ils,
finalement ? De nous.
Nous sommes tous des migrants qui nous tendons les uns les autres
un miroir, le long d'un chemin...