«... Ma première rencontre avec un soldat allemand date de septembre 1940. J'ai dix-huit ans. Trop jeune pour avoir été mobilisé, je rentre à Paris pour continuer mes études...
Ma jeune soeur et moi voyageons par le train. Le convoi entre lentement dans la gare de Vierzon qui marque la ligne de démarcation; il s'arrête.
Mon premier soldat allemand est installé sur une des passerelles qui supportent les signaux. Sa main est posée sur une mitrailleuse. Nos regards se heurtent. Dès cet instant, jusqu'à une nuit en Allemagne quatre années plus tard, tout Allemand, civil ou militaire, ne sera pour moi que la matérialisation d'un mal affreux qu'il faut abattre sans merci. Pendant toute la lutte, je m'efforcerai de conserver la résolution de ce premier affrontement...»