Une impression de déjà-vu ? La forteresse de Dunsinane, c'est le château
où s'était retranché l'usurpateur Macbeth à la fin de la «pièce écossaise»
de William Shakespeare. David Greig reprend la situation là où
Shakespeare l'avait laissée en 1606. Le tyran meurtrier a été éliminé ;
la dangereuse femme-sorcière qui avait poussé son époux au crime est
défaite, elle aussi. Peut-on alors espérer la paix ? Pas tout à fait. Certes,
Macbeth est mort, mais son successeur Malcolm n'est que veulerie et
luxure, et Lady Macbeth, de son vrai nom Gruach, n'est pas prête à
abandonner l'Écosse aux mains de ce Malcolm, monarque calculateur
appuyé par l'ennemi anglais. L'harmonie politique semble ne pas vouloir
s'installer en ce royaume.
Dans la suite qu'il invente à la tragédie de Shakespeare, Greig s'infiltre
dans les ouvertures, ou plutôt les ellipses, de l'histoire des Macbeth, et il
les remplit des doutes politiques de notre époque. Greig rebat les cartes
et distribue une nouvelle main aux joueurs. Il donne la parole à ceux que
Shakespeare avait réduits au silence : Gruach (Lady Macbeth), Malcolm
et les soldats écossais et anglais.