A partir de l'étude des textes et des processus historiques, ce livre analyse le jacobinisme sous l'angle de la séparation entre société civile et Etat, dont on s'accorde à considérer qu'elle est caractéristique de l'Etat moderne et libéral. Mais c'est précisément cette séparation que les Jacobins ont remise en question, par l'exigence d'une morale publique, par une critique de la représentation, et, finalement, par un gouvernement d'exception où le peuple doit s'incorporer au pouvoir régénérateur. S'il reflète et exploite une inquiétude présente au cœur de la Révolution (comment représenter la souveraineté du peuple sans l'aliéner ?), le mouvement jacobin excède largement les cadres d'une conjoncture historique : véritable défi au libéralisme, il oblige à poser des questions qui sont aujourd'hui encore les nôtres. Quel est le ciment du lien social ? Qu'est-ce que l'opinion publique et dans quel jeu de contraintes s'inscrit-elle ? Quels sont les ressorts de l'identification entre citoyens et pouvoir ?
Tentant de répondre à ces questions, l'ouvrage dessine en même temps les linéaments d'un protolibéralisme dont divers textes de Roederer, reproduits en appendice, fournissent une bonne illustration.