Éclats de la violence
(édition critique des ILLUMINATIONS de Rimbaud)
Ce travail n'est pas celui d'un « tout jeune homme », et je me suis toujours gardé d'une quelconque identification avec l'auteur des Déserts de l'amour, qui est devenu celui des Illuminations. Achevé presque au terme d'une longue carrière universitaire, il est pourtant l'aboutissement d'une promesse ancienne. Pierre-Georges Castex, recevant l'un de mes premiers articles sur Rimbaud, me dit en effet : « vous devriez publier une édition commentée des Illuminations ». Cette « série de superbes fragments », pour reprendre l'expression de Verlaine, constituait en effet pour lui le livre capital ».
Entre l'apparat critique et les prolongements, fallait-il donc avoir la prétention de glisser des commentaires, qui occupent finalement le plus grand espace dans ce livre ? « Commentaire » ce mot paraît bien scolaire, et guerrier à la fois si l'on pense à César. Rimbaud a choisi, à partir d'août 1870, et surtout en mai 1871, d'échapper au carcan de l'école. Même s'il était fils de militaire, la vie de caserne et la discipline de l'armée ont toujours été sa hantise.
Face aux Illuminations, la tentation est grande alors de jeter les livres, - à commencer par celui que je prépare. Mais les Illuminations sont là, devant nous. Avec ou sans commentaires, elles exercent toujours la même fascination. C'est à conviction à l'orée de ce volume et au terme d'un travail qui n'aura de mérite pour moi que de me les faire plus précisément approcher.