Orateur hors pair, précurseur éclairant, érudit foisonnant, pédagogue inlassable, penseur radical avec une cohérence et une force de conviction peu communes, Murray Bookchin (1921-2006) fut tout cela et encore davantage, ainsi que le montre la biographie détaillée de Janet Biehl qui a été sa compagne et sa plus proche collaboratrice durant les vingt dernières années de sa vie.
Auteur de nombreux articles et ouvrages qui vont accompagner les mouvements de la Nouvelle Gauche et de l'Écologie aux États-Unis, Bookchin va, dès les années soixante, alerter l'opinion sur les atteintes portées à la planète par les effets du système capitaliste et des rapports de domination qu'il engendre. Il est le fondateur de l'Écologie Sociale et des moyens de sa mise en oeuvre à travers le Municipalisme Libertaire - organisation locale en démocratie directe d'assemblées - dont s'est inspiré le peuple kurde du Rojava, en Syrie, à partir de 2004 pour bâtir un « Confédéralisme démocratique » adapté à la situation au Moyen-Orient.
Humaniste et rationnel, il est aux antipodes des tendances spiritualistes de type « Écologie Profonde » ; fin connaisseur des technologies, il souhaite les voir se réduire par la taille et se développer dans une proximité toujours plus grande pour l'émancipation et la maîtrise directe de l'usager ; enfin, il se défie des approches « environnementalistes » qui ne peuvent conduire, selon lui, qu'à un aménagement du désastre.
Souvent taxé d'utopisme, il objectera : l'utopie est devenue indispensable au maintien de la vie sur terre.
Invité en tant que conférencier ou pour participer à des colloques, Murray Bookchin a voyagé dans nombre de pays européens ; il est aussi venu à Paris mais on le connaît peu en France. Nous espérons que cette biographie le fera découvrir et suscitera le désir de se plonger dans son oeuvre, aujourd'hui plus pertinente que jamais.