Esthétique et Modernité : ces deux termes veulent-ils encore dire quelque chose, à une époque où l'on ne cesse de parler de la fin de l'art ? Dans cet essai, Arnaud Buchs aborde la question à nouveaux frais. À partir de Diderot et de Baudelaire, il montre combien l'esthétique repose toujours, fondamentalement, sur une poétique. Il ne peut en effet y avoir de véritable discours critique sur les oeuvres d'art sans une réflexion sur le pouvoir et les limites du langage, les différents régimes rhétoriques et le recours aux fictions. L'écriture du regard tend dès lors à se confondre avec une description du langage, comme s'il fallait d'abord impérativement voir les mots pour réussir ensuite à percevoir et comprendre la réalité dans laquelle il nous enferme. Selon Arnaud Buchs, de la Lettre sur les sourds et muets aux Écrits sur l'art se dessine, en filigrane, un horizon de pensée la Modernité dont nous n'avons pas fini, aujourd'hui, de mesurer la profondeur. Faut-il en conclure que pour inventer l'esthétique de la Modernité, Baudelaire devait d'abord oublier Diderot ?