Écrire le voile
Réponses aux discours colonial et patriarcal dans les oeuvres d'Évelyne Accad et Assia Djebar
Les oeuvres d'Évelyne Accad et Assia Djebar ont jeté une lumière nouvelle sur un processus aussi physique que symbolique, propre à l'ère postcoloniale : le dévoilement des femmes et de leur condition particulière. La domination coloniale qui les a contraintes comme l'autorité patriarcale quelles subissent encore ont toutes deux contribué à diminuer leur parole et leur visibilité au sein de l'espace public.
Le dévoilement est examiné dans sa valeur concrète et matérielle. Le voile, comme bout de tissu, à la fois garant de protection et d'oppression, joue un rôle politique, social et religieux majeur. Dressant un parallèle entre la situation coloniale et la situation des femmes dans la société patriarcale, Accad et Djebar en font le symbole d'une forme de domination et d'oppression, de ce qui rend tout à la fois sourd, muet, aveugle et invisible ; et le dévoilement celui d'une libération.
Ainsi, l'affranchissement définitif suppose nécessairement d'autres dévoilements, davantage culturels et sociaux : celui de l'espace, du corps et des souffrances, dans le but de démystifier et de corriger une vision occidentale érotisée et donc erronée.
Enfin, mêlant fiction et faits historiques, Évelyne Accad et Assia Djebar répondent à l'urgence provoquée par la situation postcoloniale et entendent ainsi combler les « trous de mémoire » laissés dans et par le discours masculin.