A la Renaissance, le récit de voyage qui croise l'histoire des Grandes Découvertes pose plus d'une question. Le genre vaut-il autrement, à cette époque, que comme catégorie particulière de la «littérature géographique» ? Et si les auteurs se donnent pour premier objectif la représentation du monde, comment procèdent-ils pour faire découvrir à leurs lecteurs le «grand livre du monde» dont les horizons semblent alors reculer ?
Telles sont les interrogations qui servent ici de point de départ à une enquête présentant, dans ses grandes lignes, un genre souvent méconnu du public. Au regard panoramique qui préside, dans la première partie, à l'exploration des aspects littéraires du récit de voyage, on a préféré ensuite la perspective focalisante pour analyser les éléments qui font de ce type de récit un événement linguistique. Le voyageur des lointains ne revient pas seulement chargé de denrées rares : il rapporte aussi des vocables nouveaux dont certains, peu à peu, investiront sa langue.