Juan Gris n'est pas le "le plus cubiste" des peintres de sa
génération, il n'est pas davantage le peintre cubiste. Il
s'en explique lui-même dans une réponse à une
enquête. Ces qualificatifs ont fini pas nuire à la réception
de son travail qui est parmi les plus singuliers et
les plus bouleversants de son temps.
Juan Gris est aussi précis dans ses Écrits qu'il l'est dans
sa peinture. Il sait parfaitement nous faire partager sa
vision de l'art, ce qu'il en attend, nous dire comment il
travaille. Sa méthode, qu'il prend la peine d'évoquer
avec intelligence et finesse, nous indique ce qui le
différencie de ses contemporains.
On a souvent parlé de son "classicisme". Un mot bien
équivoque. Si on parle ainsi par ignorance de sa singularité,
de ses audaces permanentes, de ses inventions de
coloriste comme il y en a peu, cela ne saurait se
comprendre. Si l'on veut dire que l'émotion qu'il nous
procure est de celle que nous procurent aussi bien un
Fouquet qu'un Vermeer, l'affaire est entendue.
Ces Écrits sont si précieux qu'ils méritaient d'être
disponibles de façon autonome. Ils sont, à n'en pas
douter, une source de réflexions et d'émerveillements.