Que peut le roman face à la vague actuelle du terrorisme ? Voici la question, tout sauf ingénue, qui sous-tend le présent essai. Celui-ci envisage en effet la fiction comme un outil cognitif qui permet à l'homme d'interroger son expérience, souvent angoissante, de la terreur. A travers des exemples empruntés à l'oeuvre d'une série d'écrivains contemporains, tels que Rushdie. Houellebecq ou encore Sansal, il est montré comment le roman amène son lecteur à partager simultanément le point de vue du kamikaze et de sa victime, à explorer aussi bien les causes que les conséquences de l'attentat. Par cette transformation du terrorisme en objet esthétique, la fiction se voit saisie comme la réaffirmation de sa capacité à opposer la beauté et l'ordre au chaos d'un monde éclaté. Elle se fait l'héritière moderne de Schéhérazade. qui à 1 aide d'un bon roman repousse sans cesse la mort promise par le sultan devenu intégriste.