Yi sang (1910-1937) est considéré comme le Rimbaud coréen pour la fulgurance de sa vie et la flamboyance de son écriture. Emblème d’une modernité météorique, frère inconnu de Kafka, tuberculeux comme lui, il invente un nouveau souffle pour résister à l’absurdité du monde moderne et trouver sa place dans une vie dont il n’a pas « passé le permis ». Ces Écrits de sang sont un vrai journal intime de cette lutte, une constellation de proses incisives qui parsèment cinq années d’écriture comme autant de cailloux jetés à l’aventure par ce petit Poucet rêveur, qui ne retrouvera jamais son chemin : arrêté par les colonisateurs japonais, il mourra à tokyo en 1937. Rejeté de son vivant comme avant-gardiste, immoral, décadent, cette icône de la modernité coréenne a tout pour séduire le lecteur occidental d'aujourd'hui, qui sera sensible à cet humour dans le désastre, à cette invention d'un « lointain intérieur » contemporain du premier Michaux, à cette déambulaton de condamné à vivre.