« La peinture est le plus beau de tous les arts ; en lui se résument toutes les sensations, à son aspect chacun peut, au gré de son imagination, créer le roman, d'un seul coup d'oeil avoir l'âme envahie par les plus profonds souvenirs ; point d'effort de mémoire, tout résumé en un seul instant. - Art complet qui résume tous les autres et les complète. » Créateur innovant et inspiré, aux moyens d'expression multiples, Paul Gauguin fut aussi un écrivain passionné, à la fois critique et théoricien, pour illustrer et expliquer son travail pictural comme pour défendre l'oeuvre d'autres artistes de son temps ou des maîtres de son Panthéon. Entre 1889 et 1902, de Notes sur l'art à l'Exposition Universelle à ses Racontars de rapin, cet ouvrage rassemble une vingtaine de textes publiés dans des revues ou semés dans des mémoires autobiographiques. Paul Gauguin parle ici aussi bien de la couleur, de la perspective, de la ligne ou de la beauté des formes que de la leçon des maîtres, et quand il évoque Giotto, Delacroix, Degas ou Van Gogh, c'est avec la fougue et la sensibilité d'un artiste très attaché à la vérité. Alors qu'une exposition au Grand Palais à Paris (Gauguin l'alchimiste) retrace sa prodigieuse carrière en réunissant maints chefs-d'oeuvre, cet ensemble d'écrits, pour beaucoup invisibles depuis longtemps, nous montre bien comment Gauguin verbalisait sa création et savait châtier tous les Académismes.