Les circonstances historiques ont fait de Jean Damascène
un témoin privilégié de la première vague de l'islamisation
du Proche-Orient. Les califes de Bagdad sont tolérants
; les chrétiens, bien que divisés, restent une force,
une force culturelle et spirituelle. Auprès d'eux, les
conquérants apprennent beaucoup, tant pour ce qui est de
l'administration que de la réflexion théologique. Et Jean,
par sa famille, s'est trouvé à la croisée des relations et des
échanges.
De là l'intérêt des deux textes ici présentés : l'«Hérésie
100», tirée du Liber haeresorum, et la Controverse entre un
musulman et un chrétien. Authentiques dans leur substance,
ces deux textes font connaître la toute première prise
de position des chrétiens face au mouvement né de
l'enseignement de Mahomet. Et c'est l'auteur de la Source
de la Connaissance, sorte de Somme théologique avant la
lettre, qui s'engage ici dans le débat.
Les temps ont changé. L'esprit de controverse n'est plus
celui de Vatican II. Demeurent les questions, fondatrices
du dialogue.