Écriture et représentation
L'écriture selon Derrida précède la parole. Les conséquences de ce renversement capital sont considérables, et tout porte à croire qu'on n'en mesure pas encore toute la portée. Ceci en raison de la persistance dans la linguistique dominante d'une base mot (lexicalisme), d'où découle le règne de la représentation. Penser une antécédence de l'écriture, c'est faire droit, avec l'aide de Deleuze et Guattari, à la possibilité d'un état moléculaire du langage : d'une logique étrangère à l'ordre discursif. Dénonçant les résidus de lexicalisme chez ces trois penseurs mêmes, le présent travail s'efforce de le dépasser en s'attaquant à toute survie de la grammaticalité là où l'écriture est censée la dissoudre. Cela passe par une véritable disruption du signe, dont on trouvera le principe chez Hjelmslev, dans la non-conformité réciproque des plans de l'expression et du contenu. Il s'agit, surtout, de sortir de la phase expérimentale à cet égard, qui voudrait produire une écriture par le refoulement de la représentation. Or, compatible avec l'écriture qui la subvertit, la représentation est nécessaire à sa médiation.