Ils sont quatre et ils ne disent pas la même chose. Il y a le jeune poète fasciné par l'Inde ; le juif alsacien baptisé à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec Paul Claudel pour parrain ; le prêtre qui vit l'enfer sur le divan du psychanalyste ; l'époux enfermé dans le malheur avec sa femme malade. René Daumal, Maxime Alexandre, Roland Sublon, Jean Bastaire : histoires diverses, mais, chacune à sa façon, célébrées. Histoires, peut-on dire, de conversion. L'enjeu y est de vérité - mais de celle dont on atteste le ciel, pas de celle qu'on démontre. Comment l'écriture qui témoigne de ces parcours en dit-elle « les quatre vérités » ? Les Anciens, philosophes autant que pères de l'Église, voyaient dans la conversion un changement de vie conformant l'adepte à un modèle arraché au temps. L'inflexion moderne porte en revanche sur la nouveauté qui surgit de la conversion, sur l'aspect de création qui s'y manifeste, excédant le retour à quelque origine simple. En même temps - et c'est là que nos contemporains peuvent dresser l'oreille -, la création liée au changement ne se ramène pas à une fabrication ou une production, elle tient au dégagement d'une dimension présente à même notre condition incarnée : non plus la forme du modèle, mais l'éclat d'une transfiguration.