De Barrès à Houellebecq, en passant par Proust, Morand, Gyp,
Trilby, Brasillach, Drieu La Rochelle, Montherlant, Aymé,
Nimier, Laurent, Tillinac, on peut lire ce livre comme une histoire
(partielle) du roman français au XXe siècle. Existe-t-il une esthétique et
une poétique romanesques de droite ? La même question a souvent été
traitée à propos de la Gauche, par exemple par Sartre ou Barthes. Mais,
à part Simone de Beauvoir, en 1955, dans «La pensée de droite,
aujourd'hui», peu de critiques se penchèrent sur les rapports entre le
roman et la Droite. Une des explications de cette absence serait que la
Droite, se méfiant de la théorie, ne veut pas se poser la question. Mais
on peut se demander, en étudiant des textes de critique littéraire, des
romans ou des nouvelles, si des idéologies, des thèmes, une sensibilité
de droite se reflètent dans la construction et dans le style de certaines
oeuvres. Les réponses sont diverses et parfois opposées. D'ailleurs, elles
débouchent souvent sur des questions : y a-t-il, en politique une Droite
et une Gauche ? Ces concepts ont-ils une valeur opératoire en
littérature ? A supposer qu'ils existent, entrent-ils à juste titre dans
l'évaluation esthétique d'une oeuvre ? Sont-ils stables ou passent-ils
d'un camp à l'autre ? Ces réponses et ces interrogations permettent de
montrer que certains romans français du XXe siècle et un certain type
de critique littéraire reflètent, quand ils ne versent pas dans la
propagande, la société de leur époque.