L’art pour changer l’école : telle était l’espérance. L’ambition ne s’est pas limitée au domaine de l’éducation. Elle a pénétré d’autres pans de la société. À la mobilisation éducative de l’art fait écho sa mobilisation sociale et politique. Aujourd’hui, la « leçon de l’art » est entrée dans une apparence d’unanimisme mondialisé. Promue au nom de l’humanisme d’un côté, et de l’esprit du nouveau capitalisme de l’autre, que reste-t-il de son ambition émancipatrice ? La leçon de l’art ne peut aujourd’hui s’entendre sans retour aux sources philosophiques et éducatives du paradigme esthétique et à sa généalogie. Préserver son potentiel émancipateur exige la vigilance d’un « malgré tout » soucieux de la dimension esthétique de notre humanité : malgré tout ce qui égare, en dépit d’une « évidence » en trompe-l’œil, en dépit de ce qui détourne et falsifie la leçon que l’art peut encore nous donner.