Éducation populaire et puissance d'agir
Les processus culturels de l'émancipation
Où va le monde et que peuvent les hommes ? C'est à ces deux questions que l'éducation populaire tente, à sa manière, de répondre. En fait, ces deux questions se ramènent à une seule : comment faire pour que des hommes qui sont les produits de l'Histoire - selon les cas et moments, bénéficiaires ou victimes - puissent, individuellement et collectivement, faire l'Histoire et construire leur devenir commun ?
L'éducation populaire doit être pensée avant tout comme une praxis culturelle de transformation sociale et politique. On ne peut la réduire à la gestion d'activités au service d'une improbable paix sociale. Elle s'attache au contraire, contre tous les consensus artificiels confortant l'immobilisme, à réveiller les contradictions, à faire conflit, à construire les situations et les procédures visant à augmenter notre puissance individuelle et collective d'agir, et ainsi à nous ouvrir les chemins d'une émancipation entendue comme dégagement de la place qui nous a été assignée par les conditions sociales, les appartenances culturelles, le genre, ou encore les handicaps de toutes sortes.
L'auteur, à la fois praticien et chercheur, donne une dimension ample et nouvelle à une éducation populaire qui ne se laisse pas enfermer dans un champ de pratiques clos et institutionnellement limité. Ainsi se trouvent réinterrogés l'acte éducatif, les manières de faire société, la production et le partage des richesses, la démocratie et les politiques publiques, les pratiques artistiques et culturelles, la construction et la diffusion des savoirs, le travail du social et l'action collective. De plus, l'analyse d'expériences concrètes témoigne de cette pertinence et de cette obligation, pour l'éducation populaire, de construire, communiquer et socialiser les savoirs de ses propres pratiques, autant d'actes indispensables à la reconnaissance de son urgente nécessité dans un monde en bouleversement et en recherche de repères.