Incontestable continuateur des Lumières par son constant
souci de battre en brèche la puissance niveleuse des
mystifications qui se posent en vérités absolues, le docteur
AMAR n'omet jamais d'insister aussi sur l'importance du
sentiment et du rêve sans lesquels l'existence se voit réduite
à une froide mécanique, à terme redoutable pour l'essence
même de ce qui la fonde : L'Homme. Cette prise en compte
du respect de la personne héritée de ses parents, ainsi que
de la position centrale et de l'unicité de l'individu apprise
de son maître en psychiatrie, Georges Daumezon, le docteur
AMAR l'affirme ici de façon saisissante. Ces Effusions du
coeur, tantôt rebelles, tantôt empreintes de délicatesse et de
tendresse, renvoient à cette «volonté de ne pas subir» dont
parlait Albert Camus. Pour ma part, j'y trouve, comme dans
toutes les publications du docteur AMAR, une impulsion
à l'ascension humaine dans une société lamentablement
dépouillée d'armature morale et de perspectives par
l'aveugle tyrannie du rendement, de l'efficience, du profit, et
où se trouve incessamment stérilisé tout effort contemplatif
qui permettrait à chacun de se signifier lui-même et, dans la
culture des solidarités, de signifier le monde.
Thierry Feral