Juif allemand né en 1879, renonçant à sa nationalité dès 1896, Einstein fuit, avec un étonnant pressentiment, la société bismarckienne qu’il juge répressive et militariste. Peu concerné par le judaïsme, et, sans la moindre complaisance identitaire, il réprouve avec force tous les nationalismes. Mais dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il dénonce auprès de Roosevelt le massacre programmé par les nazis et, avec une énergie farouche, tente de protéger les « membres de sa tribu », selon son expression. Face à la violence des persécutions, sous la pression de l’urgence, cet internationaliste convaincu se rapprochera peu à peu du sionisme. Cependant, au plus fort de la tourmente de l’après-guerre, jamais il n’oubliera le droit des Arabes ni n’occultera le caractère dramatique de la fondation de l’État d’Israël. La justesse étonnante de ses intuitions politiques et la dimension éthique de son engagement font de lui, aujourd’hui encore, une référence au sein du chaos, lui conférant aux yeux de tous une véritable aura de prophète.