- As-tu reconnu leur officier ? demanda El Borak.
- Je ne l'avais jamais vu. Ils l'appelaient Osman Pasha. Leur drapeau était
frappé d'une tête de loup blanc. Je l'ai vu à la lueur des cabanes en flammes.
Les miens criaient en vain qu'ils étaient des amis.
» Il y avait une Allemande et un homme du Hauran. Ils étaient arrivés à El Awad
à la tombée de la nuit, venant de l'est. Je pense qu'il s'agissait d'espions. Les Turcs
ont tué l'homme et ont capturé la femme. Tout n'était que sang et folie.
- Folie, en effet ! murmura-t-il.
Yusef se redressa sur un coude et se rapprocha de l'Américain. Il y avait une prière
désespérée dans sa voix faiblissante.
- El Borak, je me suis bien battu pour l'émir Fayçal et pour Lawrence effendi, et
pour toi ! J'étais à Yanbu, à Wejh et à Aqaba. Jamais je n'ai demandé de récompense !
Mais à présent, je demande justice et vengeance ! Exauce cette prière : tue ces chiens
de Turcs qui ont massacré les miens !
Il n'hésita pas un instant.
- Ils mourront, répondit-il.