- Mister Morgan, le comandante Menoyo demande pourquoi vous voulez vous joindre à nous ?
- Ça m'emmerde que mon pays soutienne un type comme Batista. J'ai été élevé dans la conviction que la liberté est un droit.
Qui se souvient de William Morgan, el commandante Yankee, qui fut l'un des héros de la révolution cubaine ?
Il était américain, il était blond et ne parlait pas un mot d'espagnol, mais il pensait que sa place était parmi les barbudos des montagnes de l'Escambray, à combattre la dictature de Fulgencio Batista. Aux côtés d'Eloy Gallego Menoyo, le chef des guerrilleros du Segundo Frente, allié naturel de Fidel Castro, Morgan a été un des libérateurs de La Havane en 1959, avant que le directeur du FBI, Edgar Hoover, ne le déchoit de sa nationalité américaine. En son temps, il fut une star des médias internationaux au même titre que son rival, l'Argentin Ernesto Che Guevara. Et pourtant, el comandante Yankee a disparu de l'histoire de la révolution cubaine. Pourquoi et comment ?
Durant douze ans, armé de sa patience et de son pinceau, Gani Jakupi a reconstitué la fresque de cette geste oubliée. Il a retrouvé Menoyo, le jeune chef révolutionnaire de 24 ans, l'égal de Fidel Castro, qui ne voulut pas le pouvoir et qui faillit le payer de sa vie. Il a retrouvé Olga, la veuve de William Morgan, qui partageait son idéal de liberté. Il a retrouvé tous les exilés survivants du Segundo Frente, mais aussi leurs adversaires.
Par petites touches, sensibles et documentées, romanesques et picturales, Gani Jakupi raconte pour la première fois la contre-histoire d'une des aventures guerrières et politiques majeures de la seconde partie du XXe siècle.