Élisabeth d'Autriche
Impératrice d'Autriche-Hongrie, la monarchie la plus autoritaire et la plus compassée qui fût en Europe, elle haïssait l'Étiquette et se disait démocrate ; Bavaroise d'origine et autrichienne par son mariage avec François-Joseph, elle n'aimait que la Hongrie ; censée animer la Cour et rehausser l'éclat de Vienne, elle vivait le plus souvent à la campagne ou dans de lointains séjours méditerranéens. Elle ne manifesta qu'indifférence pour l'Empire (sauf quand il s'agissait de la Hongrie), fut une épouse distante et négligea son seul fils, le prince héritier Rodolphe, dont la mort dramatique ne la toucha pas plus que celle de plusieurs autres proches. Martyrisant son corps par d'extravagants régimes alimentaires et d'épuisants exercices de gymnastique afin d'être toujours plus belle, elle était insensible aux hommes et ne cherchait à plaire qu'à elle-même.
Rarement personnage officiel aura autant revendiqué le droit de vivre sa vie - et le XIXe finissant fut peut-être la période de l'Histoire qui s'y prêtait le moins... -, et pourtant elle ne cultiva ni le plaisir ni le devoir. Intolérables furent ses frustrations, terrible fut sa solitude, bien peu réconfortantes furent les consolations que lui procurèrent les exercices de plein air et les milliers de vers gauchement imités de Heine qu'elle composait.
Certes, voilà un destin pathétique, mais combien loin des clichés douceâtres complaisamment distillés depuis bientôt cent ans sur une femme prise à tort pour une héroïne romantique !
C'est grâce à une fantastique érudition - des milliers de lettres ont été dépouillées, des dizaines de journaux intimes consultés, des centaines de poèmes inédits analysés - que l'historienne autrichienne Brigitte Hamann est parvenue pour la première fois à faire le portrait véridique de la légendaire Sissi.